Mon père
Si j'avais pu parler à Sarah
Elle danse
Réapprendre à vivre
Cirer les chaussures
Un Noël heureux
Un coeur d'enfant
Les beignets
Elle avait, derrière ses souffrances personnelles, une joie de vivre persistante. Son sourire, le vrai, reconnaissable entre tous, était toujours sincère.
Elle, c'est la mère.
Elle faisait chaque mercredi de la pâtisserie pour ses filles. Ce jour-là, c'était des beignets.
Les filles jouaient à l'étage. La jeune Madelaine y était avec sa copine Marie, mais elles ne tarderaient pas à partir chez cette dernière. Ici il fallait partager l'espace de jeu avec la petite Cécile qui n'était pas la bienvenue, et les jouets étaient peu nombreux.... une poupée, un cheval en peluche tout au plus. Parfois la maman des filles allumait le "poste" et dansait avec elles, c'était alors jour de fête.
Madelaine admirait beaucoup sa mère, c'était sans nul doute la plus jolie maman au monde. Ses longs cheveux noirs, sa bouche vermeille, son sourire aux dents parfaites et d'un blanc éclatant. Rien ne manquait à ce doux visage si ce n'est la flamme qui avait disparu dans ses petits yeux émeraude, et dont seule Madelaine pouvait en distinguer l'absence, en connaissance de cause. Elle aurait donné tant pour la rendre heureuse...
L'heure du goûter. L'odeur était divine, l'aspect doré des beignets leur mettait l'eau à la bouche. Mais le visuel n'était rien en comparaison du goût. Chaque bouchée révélait un mélange exquis où se mêlaient le fondant de la pomme et le croustillant de la pâte, le jus encore chaud du fruit. Une explosion de saveurs pour ces jeunes palais, et pour la femme, un réel réconfort contre le temps maussade et l'amertume des autres jours de la semaine.